Éditorial Ecclesia50 - Novembre 2022 — Diocèse de Coutances

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Éditorial Ecclesia50 - Novembre 2022

L'organisation d'un corps

Il n’est pas rare que des personnes opposent la spiritualité à la religion, l’Évangile à l’Église. Elles se demandent pourquoi des croyants ont besoin de tout l’attirail pesant et encombrant de l’Église, avec ses rites, sa liturgie, sa tradition, son organisation. Ces personnes aspirent à une vie de foi libérée des lourdeurs de la vie en Église. Pourquoi faudrait-il passer par l’Église pour s’inspirer de l’Évangile dans sa vie ? interrogent-elles.  Ce numéro d’Ecclésia 50 décrit l’organisation de notre Église diocésaine avec ses nombreux rouages et structures. L’Église serait-elle une machinerie complexe, loin de la simplicité évangélique ?

Nous pouvons lire dans cette mise à distance de l’Église une recherche d’authenticité et même une invitation à purifier l’Église d’un trop plein de structures qui parfois peut faire écran à l’essentiel qu’elle est chargée de transmettre. Cependant, cette aspiration m’interroge également. Car, au fond, de quoi rêvent ces personnes si ce n’est d’une âme sans corps, d’une spiritualité sans corps, d’un Évangile sans corps, d’un Christ sans corps ? Rêver d’une vie sans corps, c’est courir le risque de ne plus exister du tout. Certes, le corps a ses limites, ses lourdeurs, son opacité, mais, sans lui, comment rendre visible, comment rendre concret ? Sans corps pour la manifester, la Bonne Nouvelle risque d’être virtuelle, abstraite, loin de la vie. Un idéal inaccessible, invisible.

La prise en compte du corps est un élément essentiel à la tradition chrétienne. Pour sauver la création, Dieu a choisi de s’incarner. En Jésus, Dieu ne s’est pas contenté de visiter le monde, il est venu l’habiter. Le Seigneur est allé au bout de l’incarnation, partageant les risques et les limites, la souffrance et la finitude du corps de l’humanité.

La vie de l’Église se donne, elle aussi, dans un corps. Un corps avec son squelette, ses organes et ses articulations dont la seule finalité, qu’il ne faut jamais perdre de vue, est de donner la vie.

+ Laurent Le Boulc’h