Éditorial Ecclesia50 - Mars 2023
Notre société est devenue particulièrement sensible à toutes les souffrances. Les images des hommes et des femmes, des animaux ou de la nature mal traités, nous bouleversent. Des victimes de toutes souffrances, passées ou présentes, appellent chaque jour à la justice et à la réparation.
Sur la croix, Jésus est l’homme des douleurs, le « serviteur souffrant » annoncé par le prophète Isaïe. Dans un livre récent1, l’historien Jean-Christian Petitfils décrit avec réalisme l’effroyable supplice qu’a subi Jésus et dont témoignent les traces déposées sur le saint suaire. Jésus porte sur lui les douleurs des hommes. Le Fils de Dieu fait chair endosse sur lui toutes nos souffrances, qu’elles soient physiques : les meurtrissures de la croix, morales : l’injustice des hommes, ou spirituelles : l’abandon de Dieu.
Sur la croix, Jésus ne tait pas sa douleur. Et cependant, la souffrance qu’il éprouve, aussi dure soit-elle, ne fait jamais obstacle en lui à l’expression de l’amour du Père et des frères. C’est en cela que Jésus manifeste qu’il est habité d’une force extraordinaire. Une force divine. La souffrance ne provoque-t-elle pas, le plus souvent, les personnes à s’enfermer sur elles-mêmes jusqu’à devenir incapables d’entendre les souffrances des autres ? À la différence d’une bête blessée, qui habituellement se terre ou qui charge, Jésus le crucifié est demeuré dans une relation étonnante d’amour. C’est au prix de cet amour infini qui a franchi toutes les barrières, dépassant la tentation du mal, que le Christ nous sauve.
En ce temps du carême, nous marchons sur ses traces. Que le Christ Jésus, mort et ressuscité, nous donne la force de combattre le mal et la souffrance. Qu’il nous apprenne à déposer l’onguent de l’amour divin sur toutes les blessures du monde.
+ Laurent Le Boulc’h
1 Jean-Christian Petitfils, Le Saint Suaire de Turin, Témoin de la Passion de Jésus-Christ, Tallandier, 2022.