Éditorial Ecclesia50 - Février 2023

Le carême invite traditionnellement les chrétiens à entrer dans le dépouillement du désert à la suite de Jésus. Au commencement de sa vie publique, pendant 40 jours, le Christ a éprouvé un dénuement extrême en refusant de céder aux tentations du prestige, de l’avoir et du pouvoir. Il a fait l’expérience d’une humanité réduite à sa plus simple expression, présage de la Croix.

Le désert de Jésus interroge radicalement nos existences : que devient l’humanité de l’homme quand disparaissent en lui toutes quêtes de gloire extérieure, de possession de biens et de capacité de dominer ? La réponse du Christ tient dans la fidélité au don de soi pour son Père et pour ses frères. 

Dans le passage de la mort, l’expérience radicale du désert se livre à chaque être vivant. Au seuil de la mort, l’humanité se voit dépouillée de tout ce qui pouvait l’habiller de beauté, de biens et de capacités d’agir. Que reste-t-il alors d’humain dans ce travail de destruction de la mort ? Quand plus rien d’apparemment humain ne subsiste, la croix de Jésus appelle encore à reconnaître vivante la flamme de l’amour de Dieu cachée en toute créature et qui lui donne sa dignité. La Pâque de Jésus ouvre à la promesse que cet Amour sera définitivement vainqueur des puissances du mal et de la mort. Au bout de la vie, les chrétiens sont appelés à témoigner de ce mystère. C’est vers cette espérance de la vie plus forte que la mort que l’Église chemine en ce temps du carême.

+ Laurent Le Boulc’h