« Vivez ce que vous aurez enseigné », retour sur l'ordination diaconale de Benoît Lacroix — Diocèse de Coutances

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« Vivez ce que vous aurez enseigné », retour sur l'ordination diaconale de Benoît Lacroix

© Diocèse de Coutances

Dimanche 8 octobre, Benoît Lacroix a été ordonné diacre permanent pour le service du diocèse de Coutances et Avranches. Sur cette page, vous pouvez retrouver l'homélie de Mgr Feillet et les photos de la célébration.

« Cher Benoît,

Dans quelques instants vous allez être ordonné diacre, « consacré à la diaconie de l’Église par l’imposition de mes mains et le don de l’Esprit-Saint ». Cette ordination que vous allez recevoir participe du long parcours de vie que vous avez déjà accompli et qui passe par la rencontre d’Odile, que vous avez épousée il y a treize ans. Cette vie conjugale a été pour vous une source importante pour l’approfondissement de votre foi et votre disponibilité pour l’appel de l’Église qui se manifeste aujourd’hui.

Cet appel a retenti au cœur d’une vie professionnelle riche et variée. Vos responsabilités au Groupement Régional d’Agriculture biologique de Normandie puis votre reconversion comme infirmier en service de psychiatrie vous rendent apte à comprendre de l’intérieur la vie de nombreux habitants de la Manche.

Cependant, l’ordination diaconale ne relève pas tant des qualités humaines et professionnelles, encore qu’elles soient bien nécessaires, que du signe sacramentel qui va être déposé sur vous par la grâce du Saint-Esprit. Ce signe parlera par lui-même. Je me souviens d’un de mes amis, directeur d’un centre social, qui a été ordonné diacre. À partir de ce jour, certains de ses collaborateurs se sont rapprochés de lui alors que d’autres ont pris de la distance. Pourtant, son métier et sa manière de l’exercer n’avait pas changé du jour au lendemain.

Porter le signe du Christ Serviteur n’est pas seulement une fonction que vous exercerez de temps à autre. C’est aussi une charge, une joie, une mission, un appel constant à refléter le bon Maître qui fut au milieu de nous le « Serviteur » et l’auteur de notre salut. La tradition évangélique a reconnu dans l’image du serviteur souffrant dans le livre d’Isaïe, une annonce précise de ce que le Christ fit pour toute l’humanité.

Faut-il réentendre la parabole de l’Évangile de ce jour pour nous en convaincre ? Son interprétation n’est pas si compliquée. Le maître de la vigne, c’est Dieu lui-même. La vigne, c’est le peuple de Dieu. Les vignerons, ce sont les responsables du Peuple de Dieu. Les serviteurs, ce sont les prophètes que Dieu a envoyés régulièrement pour recueillir les fruits espérés de cette vigne. Hélas, ils ont souvent été ignorés, rejetés, voire persécutés. Le fils est bien le fils de Dieu. Et Jésus, prophétise dans cette parabole le destin qu’il va subir. Il sera mis à mort. Et sans en montrer le cheminement, Jésus annonce que ce sera sur cette mort offerte, sur cette pierre d’angle rejetée par les bâtisseurs, que le Maître de la vigne reconstruira son peuple, quitte à le confier à d’autres vignerons qui viendront d’autres nations. Et c’est bien ainsi que tout s’est déroulé.

Être configuré au Christ-Serviteur, est bien sûr une vraie joie puisque cette grâce est le signe d’une proximité avec le mystère du salut qui sera sans cesse appelée à s’approfondir. Mais elle est aussi un terrain favorable pour partager la condition du serviteur souffrant. Le disciple n’est pas au-dessus du maître. Aucun d’entre nous ne sera dispensé d’éprouver cela un jour ou l’autre. Je vous souhaite qu’en vivant ces temps de profonde communion avec Jésus, le serviteur souffrant, vous goûtiez une joie plus profonde encore que celle de ce jour.

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Il y a bien des façons de vivre la mission diaconale. Elle s’incarnera pour vous dans la mission qui vous sera donnée par votre évêque. Mais là encore, des nuances que vous connaissez sans doute vont se manifester. Comme vous le savez, le ministère diaconal se donne à voir dans la liturgie – et le dialogue que nous allons avoir entre nous dans quelques instants le manifestera amplement – mais il s’exerce aussi, si j’ose dire, sur le terrain de la vie des hommes et des femmes de notre temps – et la prière de consécration l’exprimera avec tout autant de force. La première est nécessairement très visible, la seconde peut être très enfouie. Pour autant, il n’y a pas d’opposition entre ces deux expressions du ministère diaconal. La mission sur le terrain sera nourrie de votre pratique liturgique au service de la Parole de Dieu et de l’autel ; la mission liturgique portera la marque et la couleur des personnes que vous aurez rencontrées. Vos frères diacres pourront l’attester facilement. Les prêtres aussi.

Ainsi vous allez recevoir une nouvelle fois mais de manière très solennelle la Parole de Dieu. Puissiez-vous ne jamais oublier l’ordre des verbes qui constitue le cadre de cette mission :

Recevez l’Évangile du Christ que vous avez la mission d’annoncer,
Lisez,
Croyez ce que vous lirez,
Enseignez ce que vous avez cru,
Vivez ce que vous aurez enseigné.

Recevoir, lire, croire, enseigner et vivre. Voilà tout un programme pour notre vie de serviteur et je le dis aussi aux prêtres ici présents, cela vaut aussi pour notre vie de pasteur. Et je pense qu’il faut faire les choses dans l’ordre que la liturgie nous donne à entendre. En particulier, elle ne dit pas : « enseignez ce que vous vivez » mais bien « vivez ce que vous aurez enseigné ». Le peuple de Dieu n’attend pas que nous racontions notre vie au long de nos homélies mais bien que notre homélie manifeste combien la Parole de Dieu nous rejoint et nous aide à vivre. En revanche que, forts des rencontres que nous faisons sur le terrain, nous trouvions les mots justes, prudents a adaptés aux personnes à qui nous prêchons parce que nous les connaissons, les fréquentons et les aimons, oui, mille fois oui.

Il en est de même pour le service de l’autel. Lorsque confierez aux prêtres ou à l’évêque le pain et le vin, fruits de la terre, de la vigne et du travail des hommes et des femmes de notre temps, qu’ils soient eux aussi chargés du poids de la vie de vos contemporains, quitte à ce qu’avant la messe vous ayez informé le prêtre de ces vies qui ont tant besoin d’être confiées à la miséricorde de Dieu. Et qu’ensemble, d’un même élan et d’un même cœur vous éleviez ce pain et ce vin que le Père, par la grâce de l’Esprit-Saint nous aura rendu en la personne de son Fils.

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Et maintenant, prenons un temps de silence pour que Benoît, soutenu par la prière de son épouse Odile et de toute notre assemblée, puisse s’offrir sans réserve à la grâce du Saint-Esprit qui va lui être donné une nouvelle fois. »

+ Bruno Feillet
Évêque de Séez

Dimanche 8 octobre 2023 à Coutances

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