Dimanche des Rameaux ou « Pâques fleuries » — Diocèse de Coutances

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Dimanche des Rameaux ou « Pâques fleuries »

Corinne MERCIER / CIRIC

Dimanche 24 mars, dernier dimanche du Carême, nous célébrons « le dimanche des Rameaux et de la Passion ». Comme son nom l’indique, ce dernier commémore à la fois l’entrée triomphale de Jésus à Jérusalem et le récit de sa Passion. Retour sur cette célébration qui marque l’entrée dans la Semaine sainte.

Jalonnée par diverses célébrations, la Semaine sainte permet de commémorer et vivre pleinement le mystère de la Résurrection. Le Dimanche des Rameaux marque l'entrée dans cette semaine qui constitue le cœur de la foi chrétienne.

Une cérémonie à deux temps

Dans un premier temps, la célébration s’ouvre sur la bénédiction et la procession des Rameaux.  Débutant généralement sur le parvis de l’église, la procession commémore l’entrée triomphale de Jésus à Jérusalem, une semaine avant la Pâque juive. Selon les Écritures, les habitants de la ville lui auraient fait un triomphe et auraient tapissé le sol de rameaux et de manteaux, comme le voulait la tradition orientale célébrant le retour d’un héros. Ce dimanche, chaque fidèle est ainsi appelé à venir avec une branche de rameaux qui sera bénite au début de la célébration.

Dans un second temps, la messe et la liturgie commémorent le récit de la Passion de Jésus. Pour cela, les ornements liturgiques sont rouges, faisant symboliquement référence à la royauté et à la souffrance du Christ.

La tradition des rameaux bénits

Selon l’ethnologue et folkloriste français Arnold van Gennep, le dimanche des Rameaux connut plusieurs appellations selon les régions : « Dans la majeure partie de la France, ce dimanche est nommé Pâques fleuries, parce que le buis ou le laurier qu’on porte à bénir doit être fleuri […] mais ailleurs Hozanne, Ozanne, Ausanne, [en référence à] l’Hosanna in excelsis [chanté ce jour-là].[1] »

De là viendraient par exemple le nom de Souzanne donné aux pâquerettes ou d’Osana donné aux jonquilles qui fleurissent à cette même période.

Ainsi, la coutume de venir à la célébration avec des branches de rameaux se serait étendue à travers l’Europe dès le VIIIème siècle. L’espèce végétale utilisée depuis importe peu, cette dernière dépendant des conditions météorologiques et naturelles de l’endroit où se déroule la cérémonie. Par exemple, des branches de buis, de sapin ou encore d’olivier sont couramment utilisées. Par le passé, dans certaines régions, notamment provençale, ces mêmes branches pouvaient être décorées de rubans et de friandises pour les enfants.

Une fois la cérémonie finie, chaque fidèle peut rapporter chez lui une branche de rameaux bénite et en orner sa maison et ses crucifix, afin que les prières de cette Semaine sainte portent du fruit l’année à venir. Dans certaines régions, comme dans le Pays de Caux, il était également coutumier d’aller déposer quelques brins sur les tombes de ses défunts.

À l’époque médiévale, le dimanche des Rameaux s’accompagnait d’une procession à travers la ville, parfois particulièrement grandiose. Ce fut notamment le cas dans les villes normandes de Rouen, de Séez ou encore d’Évreux. « En maints endroits, [la procession] sortait du cimetière et parcourait les carrefours pour y « buiser » ; « buissonner » ou « ozanner » les grandes croix [2]», c’est-à-dire décorer les calvaires de branches bénites.

Avant la première guerre mondiale, une coutume répandue dans le monde agricole était de planter des brins « dans les potagers, les vergers et les champs cultivés […] afin de les prémunir contre les orages, la foudre et la grêle [3]». Disparue depuis, cette tradition aurait été la survivance de cultes antiques célébrant le cycle agraire.

Les rameaux de l’an passé sont systématiquement brûlés et parfois conservés pour le mercredi des cendres de l’année suivante.

Une résurrection annoncée

Le dimanche des Rameaux offre la possibilité de commémorer la Passion du Christ et aussi la Résurrection à venir, comme le symbolisent les branches en pleine floraison. De fait, la célébration de ces deux épisodes très contrastés ne peut se comprendre qu’en lien avec les jours à venir.

« Parfois, les anciens appelaient le dimanche des Rameaux « Pâques fleuries » pour montrer que nous ne pouvons pas comprendre le sens de cet évènement des Rameaux et de la Passion s’il n’y a pas cette espérance de la Résurrection, […] de la Vie qui l’emporte sur la mort. […] Ces rameaux verts […] signifient l’Espérance qui nous habite.[4] » (Mgr Joseph de Metz-Noblat)

À toutes et tous, sainte et confiante marche vers Pâques !

 

[1] VAN GENNEP Arnold, Manuel de folklore français contemporain, T.I, éditions A et J Picard et Cte, Paris, 1947.
[2] Ibid.
[3] Ibid.
[4] Par Église de Haute-Marne Diocèse de Langres, webTV et chaîne youtube du diocèse de Langres, « Dimanche des Rameaux », 8 avril 2022.