Jeudi, nous fêtons la Mi-Carême ! — Diocèse de Coutances

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Jeudi, nous fêtons la Mi-Carême !

Corinne MERCIER/CIRIC

Fête et gourmandises à la mi-carême !

Comme son nom l’indique, la mi-carême se fête à la moitié du carême. Se déroulant au milieu de ce temps liturgique marqué par les privations et notamment le jeûne, la mi-Carême est a contrario une journée de fête et de gourmandises. Retour sur cette tradition datant de l’époque médiévale et toujours vivante à travers le monde.

Les origines de cette fête

La mi-carême est fêtée à la moitié du temps du carême, soit le vingtième des quarante jours de privations qui jalonnent ce temps liturgique. Suivant cette logique, la mi-carême se déroule donc toujours le troisième jeudi après le mercredi des cendres, les dimanches du carême n’étant pas comptés comme jours jeûnés. Cette année, elle est fêtée jeudi 7 mars.

Bien que s’inscrivant dans le calendrier, la mi-carême n’est pas une fête liturgique à proprement parlé. De fait, rien n’est perceptible ce jeudi-là dans les Écritures qui pourrait faire penser à un changement en particulier. Tout au plus on trouve dans le dimanche Laetere qui suit un appel à entrevoir la joie pascale qui s’approche et à rendre grâce pour le chemin déjà parcouru.

En effet, instituée pendant la période dite du Moyen-Âge, la mi-carême répondait avant tout à des besoins économiques et alimentaires. Alors que les quarante jours de carême étaient marqués par un jeûne strict, les fidèles ne mangeaient ni viande ni œuf pendant toute la période. Mais les œufs ne pouvant se conserver plus d’une vingtaine de jours et afin d’éviter le gaspillage, la mi-carême fut instituée pour marquer une pause dans ce temps d’abstinence et permettre de cuisiner les œufs qui avaient été pondus depuis le mercredi des Cendres, d’où les crêpes et bugnes qui accompagnent généralement la fête. Les œufs des jours suivants étaient ensuite mis de côté jusqu’à Pâques, où on les ressortait joliment décorés.

Une liesse populaire

Très ressemblante à Mardi Gras, la mi-carême est souvent l’occasion de célébrations carnavalesques.

Ainsi, à Paris, la Mi-carême devint traditionnellement la fête des blanchisseuses, des débitants de charbons et des porteurs d’eau. A cette occasion, toute la ville décorée se mettait en liesse, un jour de congé était même institué. Chaque quartier élisait « sa reine » parmi la corporation des blanchisseuses, celles-ci vêtues de blanc se rendaient ensuite à l’église et un défilé de char était organisé de même que des bals sur les bateaux lavoirs1. Devenue « Carnaval des Femmes » ou « Carnaval des Femmes de la mi-carême », il a été rétabli en 2009 et se déroule actuellement le dimanche qui suit le jeudi de la mi-carême, relance d’une fête populaire et conviviale qui a marqué l’histoire parisienne pendant des siècles.

Un succès français international

La renommée de cette tradition populaire fut telle, notamment à partir du XVIIIème siècle, qu’elle s’étendit par-delà les frontières.

Au Brésil par exemple, les fêtes se déroulant en dehors de la période du Carnaval sont appelées des « micaretas », selon l’origine française de l’expression.2  Importée par les colons, la célébration de la mi-carême a particulièrement marqué l’histoire des Antilles et d’anciennes colonies françaises comme le Québec ou l’Arcadie.

Certaines communes françaises ne sont pas en reste : la mi-carême à Flers, dans l’Orne en Normandie accueillait jusqu’à 100 000 personnes jusqu’en 1966 et était l’une des plus grosses manifestations de Basse-Normandie.3 Annulée pour causes de déficit budgétaire, elle n’en a pas moins marqué les esprits. Dans les Annales de Normandie, André Dubuc évoque les coutumes normandes de mi-carême en citant Léon Féret, originaire du Roumois (Eure) :

« A la campagne, on danse en [long] autour de la table ou devant la porte de la chaumière quand le temps le permet et on chante […] Dans les riches campagnes de Normandie, les hécatombes auxquelles on se livre se composent d'aloyaux, de porcs à la broche avec force ablution de « vieux blond » et de « calvados ». » 4

Aujourd’hui, certains endroits proposent toujours parades et festivités à l’occasion de la mi-carême. Après avoir perdu son faste dans les années soixante suite à l’exode rurale et l’assouplissement des privations, certaines provinces québécoises tendent ainsi à relancer cette fête importante et fédératrice à l’échelle locale5.

 

Pauline Trochu


1. Le Constitutionnel, n° du 20 mars 1846
2. Gaudin Benoit. « Histoire des micaretas. » Dans Caravelle, n°74, 2000. pp. 159-178.
3. François Emmanuelle, « Flers, les années fastes de la mi-carême », Ouest-France, août 2021.
4. Dubuc André, « Coutumes normandes de Mi-Carême », Annales de Normandie, 20ᵉ année, n°1, 1970. p. 60
5. Roberge Martine « Les festivités de la mi-carême : un divertissement populaire renouvelé », Recherches sociographiques, 61(1), 119–136.

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