5ème Carnet de route des fraternités — Diocèse de Coutances

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5ème Carnet de route des fraternités

Ce 5ème carnet de route des fraternités « a été préparé pour aider chacun à mieux accueillir la parole de Dieu dans la prière et le partage, guidés par les défis que l'encyclique Laudato Si' décrit aux hommes et aux femmes de bonne volonté pour la sauvegarde de la maison commune. » + Laurent Le Boulc'h

Un chemin de fraternité missionnaire

L’expérience des ‘fraternités missionnaires’

Les fraternités missionnaires ont vu le jour en 2017 dans le diocèse de Coutances et Avranches. Leurs commencements ont suscité une grande joie. La crise sanitaire de la Covid-19 en a malheureusement freiné brutalement l’élan. L’expérience, riche de promesses, est dans l’attente d’un second souffle.

Contre l’anonymat et le relâchement des liens, les fraternités missionnaires répondent au besoin actuel de relations de confiance dans la proximité. Elles sont une porte d’entrée au trésor de l’Évangile. Les fraternités missionnaires sont des maisonnées de gratuité dans lesquelles, grâce à la prière et l’écoute fraternelle, résonnent la Parole de Dieu, la joie d’accueillir, le désir de témoigner dans la charité dans la rencontre du prochain et de servir la communauté de l’Église. Elles favorisent l’écoute de ce que dit l’Esprit Saint dans le coeur des croyants et de l’Église par l’attention priante à la Parole de Dieu, à la parole des frères et sœurs, et aux aspirations du monde. La vie en fraternité fait vraiment partie du témoignage de l’Église.

Laudato si’

La lettre pastorale Église de Coutances et Avranches, aux sources de l’eau vive qui guide depuis septembre 2021 la vie de notre Église diocésaine insiste sur l’attention évangélique au sol et au frère. « Nous vivons une époque cruciale. La crise du monde contemporain bouleverse les réalités économiques, sociales, politiques, écologiques, mais aussi, éthiques et spirituelles. De lourds défis appellent la responsabilité de l’humanité. Deux d’entre eux sollicitent particulièrement notre attention. Sous l’effet de loupe de la pandémie de la Covid-19, marqués par le défi écologique, alertés sur les excès de nos modes de vie, les hommes et les femmes prennent de plus en plus conscience de l’importance du sol et de la fraternité : qu’en sera-t-il demain d’une terre nourricière et hospitalière ? »

« Il n’y a pas de lieux vivants sans liens entre les vivants » : cette conviction est au fondement de notre démarche. Prendre soin à la fois des lieux et des liens, du sol et des frères, cette question nous rejoint aujourd’hui dans la Manche. Comment développer des liens fraternels entre les habitants de la Manche, dans la communion de tous les vivants dans nos lieux ? Les fraternités missionnaires sont une manière simple de s’engager dans ce défi.

La Parole de Dieu est au coeur de la vie des fraternités. L’écoute de la Parole est essentielle à l’expérience de la fraternité. Ce cinquième carnet de route des fraternités missionnaires est donc constitué de 9 étapes qui proposent chacune une lecture d’un texte de la Parole de Dieu. Il s’appuie aussi sur l’encyclique du pape François Laudato si’, parue en 2015. Celle-ci a connu un grand retentissement dans toutes sortes de milieux. Pourtant, elle demeure encore trop peu connue de la part des catholiques.

Au commencement de l’encyclique, François invite à chanter notre louange au Créateur avec saint François d’Assise. La louange au Père dans la contemplation devant la beauté de la nature. Elle jaillit dans le coeur de l’homme qui éprouve pour ses semblables et toutes les créatures un même amour fraternel. Cet amour devient compassion pour notre monde en souffrance.

Le défi de la sauvegarde de notre planète, notre « maison commune », appelle à la mobilisation de toutes les ressources de nos techniques et intelligences. Il interroge aussi nos manières d’être avec la nature, avec les autres, en société, en famille et avec Dieu. Dans l’écologie intégrale promue par l’Église, la sauvegarde de la création est inséparable de l’engagement social contre la misère, du combat pour la dignité du plus petit, de la quête de la justice et de l’approfondissement
de la vie spirituelle, car tout tient ensemble.

Le « paradigme technocratique » désigne dans l’encyclique une fuite en avant de l’homme dans une innovation technologique qui tend à ne plus n’avoir d’autre finalité qu’elle-même, qui impose sa toute-puissance à la nature, engendre une culture de l’efficacité et transforme la vie sociale. C’est là le ressort puissant qui conduit l’activité de l’homme moderne. Or, ce qui se présente comme une
mécanique vers le progrès tend aussi à servir une vision égocentrique des relations qui réduit la nature, les sujets et la société à de simples objets de jouissance.

Nous comprenons que la crise écologique est significative d’un mal profond qui porte atteinte à l’identité spirituelle, culturelle et morale de l’homme. Face à cela, François témoigne que l’Évangile de Jésus peut être un ferment de renouvellement dans notre vision du monde et de la vie. Ce renouvellement de la pensée et de l’agir est urgent tant la poursuite de la logique actuelle risque de plonger l’humanité dans de lourdes épreuves.

Trois expressions majeures reviennent dans l’encyclique : « Tout est donné », « tout est lié », « tout est fragile ». Il s’en déduit trois attitudes fondamentales pour la conversion écologique.

« Tout est donné » : c’est un appel à reconnaître le don de Dieu pour nous dans la création. Une invitation à nous ouvrir à l’émerveillement pour les dons de la création, de nos propres existences, celles de nos frères et sœurs. Vivre dans la gratitude pour Dieu, la création et l’humanité, est une clef pour résister à l’appropriation ou à la domination destructrices.

« Tout est lié » : c’est une invitation à prendre conscience que tout est lié dans l’univers, à développer des relations fraternelles et de solidarité universelle. La conscience de l’interdépendance entre tous les vivants appelle à vivre dans le respect de tous.

« Tout est fragile » : l’encyclique porte attention aux plus fragiles qui sont les premières victimes de nos dérèglements. Le texte refuse de défendre une sauvegarde de la nature au détriment de l’humain. « La clameur de la terre et le cri des pauvres » sont liés, conséquences d’une même voracité. Prendre soin des plus pauvres et de la planète vont de pair.

L’analyse de la gravité de notre situation et la méditation de la révélation chrétienne nous exhortent à changer nos manières de vivre pour faire œuvre de sagesse, en donnant place aux relations de gratuité et de contemplation, d’humilité et de respect, dans la conscience que notre vocation en Dieu nous appelle à regarder sa création comme un jardin qui nous est confié, tout en nous engageant pour la justice, la solidarité et la paix. Le christianisme se manifeste ici comme une source d’inspiration au service de l’agir concret des hommes pour la plus grande joie de la création.

Chers frères et sœurs, que cet itinéraire en fraternité soit pour vous une belle source de découvertes et d’approfondissements de la foi, de l’espérance et de la charité, par la grâce du partage fraternel, de l’écoute de la Parole et du questionnement du monde.

Que le Seigneur vous bénisse et qu’il vous accompagne !

Avec vous sur le chemin.

+ Laurent Le Boulc’h

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