Pâques : Printemps de l’humanité. — Paroisse Saint-Vincent-de-Paul de Montmartin

Aller au contenu. | Aller à la navigation

Outils personnels

Paroisse Saint-Vincent-de-Paul de Montmartin

Pâques : Printemps de l’humanité.

Fruite de la terre (c) Xavier Jacquet

La vue brouillée de larmes, Marie de Magdala est interpellée par un homme qu’elle prend pour le jardinier. Pourquoi un jardinier ? On s’attendrait plutôt à la rencontre avec le gardien du cimetière ou avec un garde placé prés du tombeau pour en assurer la sécurité. (Texte de Xavier Jacquet)

Pâques : Printemps de l’humanité.

L’évangile de Jean, lu lors de la messe du jour de Pâques nous laisse devant un tombeau vide et une interrogation ; Aujourd’hui où est donc Jésus ressuscité ? Où et comment vais-je le rencontrer ?

Privé de célébrations pascales pour cause de confinement et  après avoir assisté à la messe télévisée, j’ai relu tranquillement l’évangile de Pâques et en particulier la suite du texte relatant l’apparition  du Ressuscité à Marie de Magdala.

La rencontre du jardinier.

La vue brouillée de larmes, Marie de Magdala est interpellée par un homme qu’elle prend pour le jardinier. Pourquoi un jardinier ? On s’attendrait plutôt à la rencontre avec le gardien du cimetière ou avec un garde placé prés du tombeau pour en assurer la sécurité.

Je pense que si l’évangéliste  précise bien qu’elle voit en Jésus ressuscité un jardinier  ce n’est pas par hasard. La fonction du jardinier n’est-elle pas porteuse d’espérance,  faire fleurir le grain mis en terre pour qu’il donne du fruit ? Ainsi il nous signifie que nous ne sommes plus dans un cimetière mais dans un jardin retrouvé, nous passons du lieu de la mort à celui de la vie.

Marie, c’est en l’appelant par son prénom, celui du baptême que Jésus se fait reconnaitre mais en même temps il lui signifie que l’intimité avec lui est maintenant d’une autre nature « ne me retiens pas ainsi ». Heureux ceux qui croient sans avoir vu et touché ! On ne s’approprie pas le christ ressuscité, il est maintenant à l’humanité  toute entière et se donne à nous  en cadeau sous la forme du Pain et du vin.

« Va trouver les frères et dis-leur : Je monte vers mon Père et votre Père… ». A notre tour d’être jardinier et de soigner notre planète et ses habitants pour que fleurisse  le printemps de Pâques.

Un Jardinier pas comme les autres.

Mais quel est donc ce jardinier qui sème non seulement sur la bonne terre mais aussi sur les chemins pierreux et  dans les ronces ? Quel est ce jardinier qui laboure  et fume encore et encore au pied du figuier stérile ?

Longtemps, j’ai pensé que si Jésus venait sur terre aujourd’hui il  adapterait ces paraboles non plus au seul monde agricole mais à notre monde industriel. Aujourd’hui et plus encore en cette période de pandémie universelle, je pense le contraire et je redécouvre l’universalité et l’intemporalité des paraboles. L’amour de Dieu et l’espérance de la Résurrection ne sont pas réservés à un petit nombre de justes mais sont donnés à tous, inlassablement et sans jugement de valeur. Nourrir et soigner l’humanité restent les seules activités qui ne se confinent pas  et s’adressent à tous sans distinction  avant, pendant et après les crises.  Nos maraichers, jardiniers de notre côte ouest de la Manche, l’ont bien compris, ils sont à l’ouvrage. Ils labourent, sèment, plantent, soignent et récoltent. Enfin, les jours de marché, nourrissent la file d’attente qui s’allonge semaine après semaine devant la coopérative de Lingreville. Il en va de même des soignants que ce soit à domicile dans les  EHPAD ou en milieu hospitalier.

Jésus n’est pas un jardinier qui transformerait  des cailloux en pain. Il est celui qui sème mais est aussi le grain mis en terre qui au printemps de la résurrection remplit les greniers de beaux épis et les cuves de beaux raisins. Fruits de la terre, pain et vin, corps et sang du christ donné en nourriture à l’humanité.

Heureux sommes- nous si nous osons croire sans avoir vu, sans toucher du doigt  et sans  tout comprendre.

Lingreville le 19 avril 2020

Xavier Jacquet