« Puissent vos applaudissements se transformer en prières », retour sur la messe d'ordination de Mgr Grégoire Cador — Diocèse de Coutances

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« Puissent vos applaudissements se transformer en prières », retour sur la messe d'ordination de Mgr Grégoire Cador

© Diocèse de Coutances

Dimanche 15 octobre 2023, Monseigneur Grégoire Cador est devenu évêque de Coutances et Avranches. Cette célébration a été marquée par de nombreux rites et par une procession des offrandes cosmopolite.

Visionner l'album photos de l'ordination.

Monition d'ouverture de Mgr Dominique Lebrun, archevêque de Rouen

Seul le prononcé fait foi

Merci, cher Thierry, de m’accueillir ainsi dans votre beau diocèse de Coutances et Avranches.

Au nom du Christ, avec les autres évêques, je vous souhaite à tous la bienvenue.

Nous pensons à la nombreuse famille de Grégoire Cador qui l’entoure joyeusement, et à sa famille sacerdotale du diocèse du Mans dont je salue l’évêque et l’administrateur du diocèse jumelé de Paderborn.

Notre assemblée normande est enrichie par les liens tissés par Grégoire Cador longtemps en mission au Nord-Cameroun. Merci à vous, Mgr Bruno Ateba Edo de conduire une belle délégation de prêtres de votre diocèse. Merci à M. le maire de Tokombéré de s’y joindre.

Mgr Samuel Kléda, archevêque de Douala, nous fait la joie d’être à mes côtés pour imposer les mains sur Grégoire, accompagné des trois évêques du Cameroun. De l’autre côté, si je puis dire, Mgr Celestino Migliore, Nonce apostolique, nous invite à vivre ce temps dans la joie de la mission universelle de l’Eglise en communion avec le Pape François. Nous sommes d’ailleurs ainsi en communion avec le diocèse de Saint-Denis de la Réunion qui, à cette heure-ci, célèbre l’ordination de son nouvel évêque, Mgr Pascal Chane Teng.

Avec joie, nous accueillons aussi les frères et sœurs des autres communautés chrétiennes venus prier avec nous, anglicans, protestants, évangéliques, orthodoxe, leurs pasteurs et leur prêtre, sans oublier la présence de représentants de la tradition spirituelle boudhiste.

Je salue avec joie mes autres frères évêques, dont les prédécesseurs de Grégoire Cador, Stanislas Lalanne et Laurent Le Boulc’h dont nous pouvons mesurer l’émotion.

Votre présence, M. le Préfet, Madame et messieurs les Parlementaires, M. le Maire, Mesdames et messieurs les élus de la région, du département et des autres communes, font suite aux bonnes relations entretenues avec la communauté catholique au service de tous, dans le respect de nos missions respectives. Avec eux, je salue les autres représentants de la société civile, parmi lesquels Mme la conservatrice de la Cathédrale ou le délégué de la Société nationale des sauveteurs en mer.

Bienvenu à chacun et chacune d’entre vous, fidèles, personnes consacrées, diacres, prêtres, qui êtes dans la cathédrale, dans le théâtre, derrière votre écran ou à l’écoute du RCF. Notre joie est-elle ternie par les événements dramatiques de l’humanité divisée et déchirée ? Que notre communion de ce jour soit le gage de l’authenticité de notre prière pour la paix, sur la terre de Jésus, et partout où des armes parlent à la place des bouches et des cœurs.

Frères et sœurs, accueillons maintenant quelques mots sur votre futur évêque avant de lui présenter son nouveau diocèse.

+ Dominique Lebrun
Archevêque de Rouen

Homélie de Mgr Dominique Lebrun

Seul le prononcé fait foi

« Le Seigneur de l’univers préparera, sur la montagne, pour tous les peuples un festin de viandes grasses et de vins capiteux » (Is 25, 6). Frères et sœurs, merci d’avoir préparé pour la venue de Grégoire un large festin ! Je ne parle pas du verre de l’amitié qui suivra, je parle de notre célébration.

Certes, Grégoire, il y a une montagne dans la Manche, le Mont-Saint-Michel ; Dans notre Normandie, il y a des viandes grasses mais peu de vin ! De toutes les façons, je sais, pour avoir marché avec toi, il y a quelques années, que tu sais vivre de peu, comme dit saint Paul (cf. Ph 4, 12).

Frères et sœurs, la visée du prophète est à la fois lointaine et proche. Isaïe a en perspective le salut « pour tous les peuples » (Is 25, 6), pour « toutes les nations » (Is 25, 7) mais il parle aussi à un peuple concrètement endeuillé (cf. Is 25, 8). Comment ne pas penser à ce qui se passe aujourd’hui sur cette même terre ?

Grégoire, ton ministère épiscopal est prophétique. Il inscrit dans l’Eglise une double mission : porter un regard lointain et large sur l’histoire de l’humanité, et s’engager chaque jour au plus près du terrain.

Cela correspond aux deux seules choses qu’un évêque doit faire. Ces deux choses, Grégoire, ne prennent que quelques heures par an. Je te propose donc un agenda allégé ! Frères et sœurs, il n’y a que deux gestes que l’évêque ne peut absolument pas déléguer, hormis évidemment sa vie de prière. Je vous mets sur la piste, ce sont deux gestes liturgiques.

L’évêque ne peut pas déléguer les ordinations d’évêque, de prêtre, de diacre. Il peut déléguer la confirmation ou l’administration de son diocèse ; il peut déléguer ou se faire représenter pour les rencontres à l’intérieur du diocèse comme avec la société civile. Mais il doit ordonner lui-même l’évêque, le prêtre ou le diacre. Il doit le faire pour que la mission du Christ continue tout au long de l’histoire de l’humanité.

Aujourd’hui, j’ordonne un successeur des apôtres … et, si la fin des temps n’intervient pas, il aura un successeur, ordonné par d’autres plus anciens. Grégoire, par l’imposition des mains et la prière des évêques présents, tu entre dans la succession ininterrompue depuis les apôtres. Tu viens servir l’histoire d’un peuple et d’une communauté après d’autres. Tu en as fait une expérience singulière au Cameroun.

Nul doute que tu sauras passer de la Sarthe à la Manche, accueillant l’itinéraire diocésain commencé ces dernières années ici et te projetant vers l’avenir, vers le grand avenir promis par Dieu. Ainsi, frères et sœurs, la mission de l’Eglise de rendre présent son unique Pasteur, Jésus le Christ, continue. Rendons grâce pour l’accomplissement de la Parole de Jésus : « Je serai avec vous jusqu’à la fin des temps » (Mt 28, 20).

La deuxième chose que seul l’Evêque peut réaliser, c’est la confection du Saint-Chrême, ce mélange d’huile et de parfum qu’il consacre à la messe chrismale. Grégoire note bien dans ton agenda la date de la belle messe chrismale ! Si l’évêque d’un diocèse vient à manquer – tu en as fait l’expérience au Mans-, il faut appeler un évêque voisin.

Frères et sœurs, l’onction par le Saint-Chrême dès le baptême et surtout à la confirmation fait des disciples de Jésus des missionnaires par la grâce de l’Esprit Saint. Chaque baptisé porteur de la marque du Saint-Esprit est un missionnaire quotidien dans sa famille, dans son village ou son quartier ou sur la mer, dans son travail ou la vie associative, social ou politique, parfois seul, heureusement plus souvent avec d’autres. Parmi ces baptisés, certains reçoivent une mission dans l’Eglise et lui donnent ainsi toutes ses couleurs et sa forme de polyèdre, selon l’expression du Pape François.

Frères et sœurs, vous le comprenez : l’évêque ne peut rien sans vous, même ces deux gestes : il vous appartient qu’il ne manque pas de candidats pour recevoir l’onction par le Saint-Chrême ni de candidat pour recevoir l’ordination. Si, dans notre assemblée, certains se découvrent pas encore confirmés, dépêchez-vous pour ne pas rendre inutile cette ordination ! Si, dans notre assemblée, des jeunes entendent un appel à rendre cette ordination féconde par d’autres ordinations, qu’ils se présentent sans hésiter !

Je vous ai annoncé qu’il y a seulement deux gestes réservés à l’évêque qui manifestent sa mission. Il y en a deux autres qui lui sont réservés même s’il peut y avoir quelques exceptions. Ils les complètent :  d’abord, la consécration d’une église ou d’un autel, signe du rassemblement du peuple de Dieu qui célèbre les noces dont parle Jésus (cf. Mt 22, 2).

Ensuite et enfin, il y a la consécration des vierges. Les Vierges consacrées sont le signe de l’attente par la communauté de la venue du Christ à la fin des temps. Elles tiennent le cierge allumé comme les vierges sages de l’Evangile tiennent la lampe allumée attendant l’époux. Elles donnent, d’une certaine manière, à notre histoire toute son espérance.

Déjà dans l’anneau que je te remettrai, un signe d’épousailles est donné. Que ce soit notre joie aujourd’hui. L’amour éperdu de Dieu pour son peuple poursuit son chemin dans la Manche ! Puissions-nous y goûter du fond de notre cœur dans une communion authentique et joyeuse en cette eucharistie.

Grégoire, bonne route !

+ Dominique Lebrun
Archevêque de Rouen.

Revoir la messe d'ordination sur la chaîne YouTube diocésaine. 

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